Vendre ou utiliser certains colliers de dressage expose aujourd’hui à des sanctions financières à cinq chiffres. Pourtant, sur internet et dans quelques rayons d’animaleries, ces accessoires circulent encore, sous des noms parfois trompeurs ou dans les angles morts de la réglementation.
Depuis des mois, vétérinaires et associations tirent la sonnette d’alarme. Les conséquences, tant physiques que psychologiques, sont réelles pour les animaux. Aujourd’hui, la grande majorité des professionnels privilégie des méthodes éducatives qui respectent la sensibilité animale. Les alternatives font consensus chez ceux qui côtoient au quotidien chiens et chats.
Plan de l'article
Où en est la législation sur les colliers de dressage en France ?
Le printemps 2023 marque un tournant dans l’encadrement des colliers de dressage en France. Sous l’impulsion de la députée Corinne Vignon, l’Assemblée nationale a adopté une loi qui interdit sans équivoque la vente, la cession et l’utilisation des colliers électriques, étrangleurs et à pointes. Fini les zones grises : la réglementation cible ces accessoires réputés coercitifs, en réponse aux alertes répétées des vétérinaires et des associations de protection animale.
La loi ne laisse pas de place au doute : toute transaction ou usage de ces dispositifs est désormais prohibée sur le territoire français, sous peine de lourdes amendes. Les propriétaires de chiens ou de chats qui persistent s’exposent à des sanctions financières sévères.
Pour que la portée de la loi soit claire, voici les types de colliers directement visés :
- Colliers électriques
- Colliers étrangleurs
- Colliers à pointes
Tous tombent sous le coup de l’interdiction.
La question de la période de transition a été débattue au Parlement, mais aucun délai de tolérance n’a été retenu, ni pour les particuliers, ni pour les professionnels. La France se positionne ainsi en pionnière à l’échelle européenne sur ce sujet. Les discussions menées à l’Assemblée, portées par Corinne Vignon, traduisent une volonté politique de rompre avec les pratiques douloureuses infligées aux animaux de compagnie.
La vigilance reste nécessaire : certains sites ou réseaux détournent la loi à coup de noms alternatifs ou de circuits parallèles. Pour limiter ces dérives, les autorités annoncent des contrôles accrus. L’objectif : empêcher la revente ou l’usage sous le manteau de ces colliers coercitifs.
Ce que révèlent les études sur l’impact de ces équipements pour les animaux
Les recherches scientifiques lèvent le voile sur les effets des colliers de dressage. Les travaux menés par des vétérinaires et des éthologues convergent : l’utilisation répétée des colliers électriques ou à pointes provoque un stress intense chez les chiens comme chez les chats. Cela se traduit souvent par de la peur, de l’anxiété, parfois même de l’agressivité. Ces troubles du comportement ne disparaissent pas facilement.
Les conséquences ne s’arrêtent pas à l’aspect psychologique. Sur le plan physique, les professionnels observent des irritations, des inflammations, voire des blessures profondes au niveau du cou. Les colliers étrangleurs sont capables de causer des difficultés respiratoires ou des atteintes à la trachée. Les dispositifs à pointes, eux, génèrent des microtraumatismes sous-cutanés, qui, à force, peuvent laisser des séquelles durables.
Les acteurs de la protection animale rappellent que l’animal ne fait souvent pas le lien entre la douleur et le comportement attendu par l’humain. Il associe l’inconfort à ce qui l’entoure, ce qui complique son apprentissage et génère des réactions imprévisibles. Les spécialistes du bien-être animal rappellent que la maltraitance ne se limite pas aux coups visibles : la souffrance psychique, moins détectable, pèse tout autant dans le vécu de l’animal.
Toutes ces données scientifiques nourrissent la réflexion sur la loi contre la maltraitance animale, en appuyant l’idée d’une éducation fondée sur le respect du comportement naturel, et non sur la contrainte ou la douleur.
Colliers de dressage : entre arguments des défenseurs et préoccupations éthiques
Dans le débat public, les défenseurs des colliers électriques avancent des arguments précis. Certains invoquent la nécessité de maîtriser un chien lors de la chasse ou pour la capture d’animaux errants. Des professionnels du secteur cynophile estiment que ces outils peuvent, dans des cas exceptionnels, prévenir un danger immédiat ou protéger les personnes alentour. Le Rassemblement National, épaulé par des associations de chasseurs, demande une réglementation moins stricte, craignant un encadrement jugé trop rigide.
Côté opposants, la fondation Brigitte Bardot et la Société Protectrice des Animaux, entre autres, dénoncent la douleur imposée par ces dispositifs et défendent un principe non négociable : la protection animale. Les notions de maltraitance et de souffrance psychologique sont au cœur de leur combat. Selon eux, le bien-être animal ne doit souffrir d’aucune exception, quelles que soient les difficultés rencontrées avec un animal.
Pour mieux saisir les arguments en présence, voici ce que mettent en avant les associations et les vétérinaires :
- Ils plaident pour une transformation profonde de l’approche éducative, axée sur la bienveillance et le respect.
- Ils encouragent la prévention, la compréhension du comportement, plutôt que la punition ou la contrainte.
Le débat éthique s’est imposé dans l’hémicycle. Les discussions à l’Assemblée nationale, portées par la députée Corinne Vignon, témoignent d’une volonté de trouver un équilibre entre sécurité, efficacité et respect de l’animal. Le secteur des assurances suit le mouvement, adaptant ses contrats pour tenir compte de ces évolutions législatives et des risques liés à l’utilisation de ces équipements.
Des alternatives positives pour éduquer son animal en respectant son bien-être
Les experts de l’éducation animale et les associations de protection animale recommandent aujourd’hui de nouvelles pratiques. L’éducation positive s’impose progressivement dans les foyers et chez les professionnels, avec une approche qui met l’accent sur la récompense et la motivation. Exit la contrainte, place à la confiance, à l’observation et à l’ajustement des méthodes selon le profil de chaque animal.
Les bénéfices sont tangibles. Un chien encouragé apprend plus vite et montre une stabilité émotionnelle supérieure. Les éducateurs formés à ces méthodes ont recours à plusieurs outils : clicker training, jeux d’intelligence, renforcements positifs sur-mesure. Cette diversité de techniques, bien loin du rapport de force, permet d’atteindre des résultats fiables tout en préservant la santé mentale et physique de l’animal.
Voici les grands principes qui fondent ces alternatives :
- Respecter le rythme propre à chaque animal
- Adapter les exercices à la personnalité de l’individu
- Favoriser la coopération et la compréhension mutuelle
La France rejoint ainsi la dynamique européenne : plusieurs États ont déjà banni les colliers électriques et adopté des pratiques éducatives axées sur l’éthique. Les compagnies d’assurance santé animale valorisent désormais les foyers qui misent sur la douceur et la pédagogie. Faire appel à un éducateur spécialisé, c’est aussi offrir à son compagnon un accompagnement sur-mesure. L’éducation positive trace un nouveau chemin, pour des animaux de compagnie plus équilibrés et une société qui considère enfin leurs besoins profonds.
Reste à voir si, demain, les rayons des animaleries seront définitivement vidés de ces accessoires d’un autre temps. L’avenir du dressage se joue désormais à hauteur de respect, sous le regard attentif d’une société qui apprend à écouter ses animaux.



