La Fédération Cynologique Internationale proscrit la coupe des oreilles dans la plupart des pays membres, mais certaines exceptions subsistent au sein de la législation européenne. Malgré l’absence de bénéfices médicaux prouvés, la pratique continue dans certains élevages pour des raisons esthétiques ou traditionnelles.
Des changements récents dans la réglementation des concours canins ont aussi contribué à la diminution de cette intervention. Les discussions portent aujourd’hui sur l’impact durable de ces gestes sur la santé physique et comportementale des chiens concernés.
Coupe des oreilles et de la queue chez le dobermann : d’où vient cette tradition ?
Au fil des décennies, le dobermann a vu sa silhouette façonnée par l’humain, jusqu’à devenir une figure reconnaissable entre toutes. Pourtant, la coupe des oreilles (otectomie) et de la queue (caudectomie) ne répond à aucun impératif naturel, ni à une nécessité de santé. Ces interventions s’ancrent dans l’histoire des chiens dits « d’utilité ». À l’origine, les éleveurs jugeaient qu’un chien aux oreilles raccourcies et à la queue écourtée, comme le dobermann, le Beauceron ou le Bouvier des Flandres, était moins exposé aux blessures lors des missions de garde ou de poursuite.
Le but affiché : limiter les risques de déchirure ou de blessure pendant une altercation ou lors d’épreuves sportives. À force de répétition, ces gestes sont devenus la norme, s’immisçant dans les standards de race et l’imaginaire collectif. Mais aujourd’hui, un dobermann aux oreilles naturelles n’est pas plus en difficulté dans sa vie quotidienne ou professionnelle, sauf rares exceptions liées à des contextes de travail spécifiques.
Peu à peu, la coupe des oreilles et de la queue a perdu son ancrage fonctionnel pour ne devenir qu’un critère esthétique. Les concours de beauté et la représentation médiatique ont contribué à en faire un marqueur visuel, au détriment de la réflexion sur le bien-être. Désormais, la question de l’otectomie et de la caudectomie dépasse le simple cadre du dobermann : elle interroge le rapport à l’animal, le regard posé sur son corps et la pertinence d’imposer une modification physique au nom de la tradition.
Quels impacts ces pratiques ont-elles réellement sur le bien-être des chiens ?
La coupe des oreilles et de la queue ne se limite pas à une affaire de style. Elle soulève des interrogations profondes sur le bien-être animal. L’otectomie, loin d’être anodine, expose le dobermann à des suites opératoires parfois lourdes : douleurs prolongées, infections, difficultés de cicatrisation. Quant à la caudectomie, elle prive le chien d’un véritable outil de communication.
Oreilles et queue sont bien plus que des attributs esthétiques. Elles servent à exprimer, dialoguer, rassurer ou alerter. Un dobermann dont la queue a été coupée, ou dont les oreilles ont été modifiées, voit son langage corporel amputé : il peine à transmettre des messages clairs à ses congénères. Ces signaux, parfois imperceptibles à l’humain, régulent pourtant la vie sociale canine et préviennent bien des conflits. À l’inverse, les chiens dotés de leurs oreilles naturelles et d’une queue intacte bénéficient d’une palette d’expression bien plus large pour communiquer.
Principales conséquences pour le chien
Voici les effets les plus fréquemment observés chez les chiens ayant subi ces interventions :
- Douleur et stress liés à la chirurgie
- Altération de l’équilibre et de la motricité
- Appauvrissement de la communication avec les congénères
- Risques accrus de complications post-opératoires
Privés de ces moyens d’expression, certains chiens peinent à s’intégrer dans leur groupe, à éviter les malentendus ou à nouer des liens solides, que ce soit avec d’autres animaux ou avec leur entourage humain. Les professionnels de la santé animale l’affirment : toute intervention de ce type doit répondre à une nécessité de santé, et non à une préférence esthétique dictée par l’habitude.
La législation évolue : pourquoi de plus en plus de pays interdisent la coupe des oreilles
En France, la coupe des oreilles chez le chien a été proscrite par la ratification de la convention européenne de protection des animaux de compagnie. Comme en Suisse et dans la majorité des pays d’Europe, ces actes ne sont plus tolérés lorsqu’ils visent uniquement l’apparence : seule une raison médicale peut aujourd’hui motiver une otectomie ou une caudectomie. Ce changement de cap traduit une transformation profonde du regard porté sur l’animal, qui s’éloigne de la tradition pour privilégier une approche plus consciente.
Les expositions canines imposent désormais la présentation de dobermanns aux oreilles naturelles, remettant en question les anciens critères de beauté hérités d’un autre temps. Les standards FCI (Fédération Cynologique Internationale) proscrivent la participation de chiens à oreilles ou queue coupées dans les concours français et dans la plupart des pays voisins. Les clubs de race ont dû s’adapter, même si certains regrettent la disparition de l’esthétique qui incarnait le dobermann ou le braque allemand d’antan.
La protection des animaux de compagnie s’affirme comme une règle de référence, supérieure aux goûts individuels ou aux usages. Les vétérinaires rappellent que la coupe des oreilles, désormais interdite, ne relève plus du choix du propriétaire, mais du respect de la vie animale. Cette réglementation s’enracine et se renforce d’année en année. Les expositions canines françaises et suisses sont le reflet de cette nouvelle ère, mettant en avant des chiens dans leur intégrité, sans mutilation.
Vers une nouvelle vision du chien : respecter l’animal pour mieux vivre ensemble
L’image du dobermann aux oreilles parfaitement taillées s’estompe : aujourd’hui, la reconnaissance du bien-être animal gagne du terrain et invite à dépasser la seule question du standard. Face à l’animal, le regard évolue. La relation ne repose plus seulement sur l’apparence ou l’obéissance, mais sur l’attention portée à ses besoins véritables.
Ce tournant collectif soulève une réflexion d’ampleur : quelle place accorder au chien de compagnie ? Le dobermann aux oreilles naturelles devient le symbole de cette prise de conscience. Des oreilles souples, mobiles, capables de traduire des émotions et de faciliter les échanges avec les autres chiens, renforcent aussi la complicité avec l’humain. Les éleveurs, les vétérinaires et les éducateurs observent au quotidien les répercussions positives de ce changement.
Les bénéfices les plus notables méritent d’être soulignés :
- Moins de douleurs post-opératoires,
- meilleure expression émotionnelle,
- intégration plus harmonieuse au sein du groupe social.
Ce n’est pas une simple tendance, mais une volonté partagée : accorder à l’animal la place qu’il mérite, reconnaître sa richesse comportementale et la diversité de ses modes d’expression. Les standards évoluent, la science prend la parole, et la société s’ouvre à une relation plus authentique, débarrassée des mutilations héritées du passé. Le dobermann, comme tant d’autres races, retrouve peu à peu la liberté de ses mouvements… et celle d’être simplement lui-même.



